Dissertationrédigée : Les Caractères de La Bruyère - L'Étude Marseille. 04 91 28 59 96. Immeuble HQ 180 Avenue du Prado, 3ème étage, 13008 Marseille. Se connecter.
Analyse linéaire Arrias» Les Caractères de La Bruyère Introduction Arrias» – Les Caractères de La Bruyère Jean de la Bruyère se définissait comme un témoin privilégié de la comédie humaine », lui qui par son rôle de précepteur du Duc de Bourbon se situait au première loge du spectacle hypocrite des courtisans et des courtisés. Son expérience des hommes et de la société s’illustrera à travers son œuvre Les Caractères » 1688, dans laquelle La Bruyère y apparait moraliste pénétrant, satiriste plein d’ironie et styliste original. Auteur classique, il s’inscrit sous le patronage de Théophraste dont il prétend s’être inspiré. Pourtant, Les Caractères » est une œuvre complète dépeignant les passions de la génération versaillaise afin d’en corriger les défauts mais inaugurant également la critique littéraire moderne et les prémices d’une critique du système social et politique. Arrias» – Les Caractères de La Bruyère Le portrait que nous allons étudier s’intitule Arrias » et décrit un individu méprisable et arrogant. Problématique Comment l’auteur met en œuvre un moralisme plaisant, dans la mesure où le fautif est puni de façon exemplaire ? Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c’est un homme universel, et il se donne pour tel il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d’un grand d’une cour du Nord il prend la parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent ; il s’oriente dans cette région lointaine comme s’il en était originaire ;bil discourt des mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu’à éclater. Quelqu’un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu’il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l’interrupteur Je n’avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d’original je l’ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j’ai fort interrogé, et qui ne m’a caché aucune circonstance. » Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencée, lorsque l’un des conviés lui dit C’est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive fraîchement de son ambassade. » La Bruyère, Les Caractères, 1688. 1. la présentation d’Arrias l 1 à 3 / Arrias a tout lu → Quelque chose a Un personnage faux b Un personnage malhonnête 2. Mise en situation d’Arias l 3 à 9 / On parle → Éclater a Arrias adore parler en public b Jeu sur l’apparence c La stratégie argumentation d’Arrias 3. Arrias face à la contradiction se ridiculise 10 à 19 / Quelqu’un se Hasarde → Ambassade a La contradiction des propos d’Arrias b Arrias toujours sûr de lui c Retournement de situation Télécharge l’analyse linéaire en entier en cliquant ici ! Consultez nos autres articles en lien avec La Bruyère La Bruyère Biographie et résumé des Caractères Dissertation rédigée “Les caractères” de La Bruyère et la comédie sociale Pour réussir ton oral de français, suis notre formation en ligne Deviens éloquent ! Unecollection dédiée aux œuvres intégrales du BAC de Français 1re et à leurs parcours associés. • Le Parcours associé : La comédie sociale Voie générale • Résumé La Cour est un

1. Critique littéraire et idéal classique a. La Bruyère, classique parmi les classiques ? En vrai classique, La Bruyère présente d'abord son oeuvre comme modeste imitation de celle d'un Ancien, le grec Théophraste. Mais on comprend à la lecture que le disciple dépasse aisément le maître et que La Bruyère doit finalement peu de choses à Théophraste, si ce n'est l'argument d'autorité nécessaire pour inspirer confiance aux lecteurs. Dans la première édition, en 1688, les maximes sont en très grand nombre, et ne surpassent guère celles de La Rochefoucauld ; en revanche, les portraits sont plus originaux et permettent à La Bruyère d'exercer toute une savante rhétorique inspirée des modèles Horace, Quintilien, Euripide, Sophocle, Térence et des grands auteurs de son temps, de Scarron pour le registre burlesque à Racine ou Corneille pour les registres épiques et tragiques, généralement tournés en dérision, en passant par Molière pour le registre comique et surtout satirique. La rhétorique de La Bruyère s'appuie donc autant sur les caractéristiques du discours moraliste, pratiqué par La Rochefoucauld ou Chamfort, et La Fontaine sous une autre forme, mais aussi sur les grandes tendances du style classique, ciselé, précis, reposant sur les règles rigides de la bienséance, du bon goût, de la vraisemblance. Mais La Bruyère a su cultiver sa singularité, par une oeuvre hybride et donc unique, mais aussi par un style personnel qui a fait dire à Taine Son talent consiste principalement dans l'art d'attirer l'attention... Il ressemble à un homme qui viendrait arrêter les passants dans la rue, les saisirait au collet, leur ferait oublier leurs affaires et leurs plaisirs, les forcerait à regarder à leurs pieds, à voir ce qu'ils ne voyaient pas ou ne voulaient pas voir, et ne leur permettrait d'avancer qu'après avoir gravé l'objet d'une manière ineffaçable dans leur mémoire étonnée. b. De la théorie à la critique Fort de son originalité mais aussi de sa conformité à l'idéal classique, La Bruyère se pose en critique littéraire dès le début des Caractères. Dans la veine de L'Art poétique de Boileau, La Bruyère expose de manière disséminée dans les Caractères une véritable doctrine littéraire, exprime des jugements sur les genres et les auteurs, et fournit même des jugements a posteriori sur les siècles précédents, notamment le XVIe. Fidèle en bien des points à Montaigne, il reprend la doctrine de l'imitation créatrice, comme Pascal et La Fontaine, même s'il semble se résigner dès l'entrée de son ouvrage que Tout est dit et l'on vient trop tard. » Des Ouvrages de l'esprit, § 1. Il opère ensuite toute une série de comparaisons, des auteurs antiques Virgile, Homère entre autres à ceux de son époque et même s'il se montre critique, notamment envers Rabelais ou Molière, il n'en reconnaît pas moins le talent et l'audace. Par cette qualité d'adaptation et cette perspicacité de jugement, La Bruyère montre déjà les prémisses de l'esprit éclairé des Lumières et surtout la capacité à relativiser. Cela ne fait cependant pas de lui un Moderne, et il se place résolument du côté des Anciens Boileau, Bossuet, la Fontaine... et attaque violemment leurs détracteurs Perrault, Bayle, Fontenelle... lors de la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes de la fin du XVIIe siècle. 2. La peinture des moeurs et la démystification du jeu social a. La peinture des moeurs du personnage au type La Bruyère poursuit un double projet dans ses Caractères peindre ses contemporains d'après nature et les aider ainsi à se corriger de leurs défauts comme le fait Molière ; réfléchir sur l'humaine condition, thème éternel des moralistes Montaigne, La Rochefoucauld, Pascal.... L'oeuvre est donc à la fois un témoignage sur la société du XVIIe siècle mais prend aussi une valeur universelle, donc plus profonde. Dès sa Préface, La Bruyère annonce d'où lui vient son inspiration Je rends au public ce qu'il m'a prêté ; j'ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage... [...] Il peut regarder avec loisir ce portrait que j'ai fait de lui d'après nature, et s'il connaît quelques-uns des défauts que je touche, s'en corriger. Si certains personnages des portraits sont reconnaissables, d'autres sont souvent inspirés de fines observations, réintégrées par petites touches dans un personnage. Il ne faut pas chercher à retrouver un homme précis dans un portrait mais un type d'homme. La démarche anticipe sur certaines démarches scientifiques des siècles suivants en empruntant d'abord la voie de l'observation avant d'élaborer la théorie. La démarche, la gestuelle, la parole sont autant de renseignements recueillis par le fin observateur et qui servent à élaborer les portraits saisissants, éloquents et très critiques comme dans les chapitres De la cour », Des grands », De la ville ». Les grands sont croqués sans pitié et avec précision grâce à ce que La Bruyère a pu voir d'eux en action, à Chantilly ou Paris, mais le peuple est représenté avec moins de précision documentaire et de manière parfois impressionniste, sorte de masse informe et bigarrée soumise au souverain. Comme chez La Fontaine ou Molière, des types émergent des différents chapitres le fat, le parvenu, l'égoïste, le menteur, le faux dévot, le collectionneur, le flatteur, l'arriviste, le maladroit... et se révèlent à nous comme universels et atemporels. Et d'ailleurs, dans sa Préface, La Bruyère annonçait vouloir, plus que la Cour de France et les hommes de sa nation, peindre les hommes en général ». b. La démystification du jeu social Les portraits sont tous teintés d'ironie et servent une cause majeure démystifier le jeu social, faire tomber les apparences qui régissent la société du XVIIe. La Bruyère comme La Rochefoucauld redéfinit le mérite personnel qui caractérise l'honnête homme » comme valeur essentielle, dans une société où prédominent la naissance et l'argent cf. Du mérite personnel », Des biens de fortune », Des grands », Des jugements ». L'argent rend les hommes arrogants on pense à Giton et le désir qu'il suscite entraîne les intrigues les plus détestables. Mais les fortunes liées à l'argent sont précaires et La Bruyère se plaît à décrire des déchéances d'hommes à la mode retournés au néant ou morts dans la solitude ex. portrait de Crésus. Car l'issue n'est pas toujours aussi heureuse dans un portrait que dans une comédie de Molière. Ce jeu social, reposant sur des valeurs dévoyées, n'est rendu possible que par un pouvoir qui provoque lui-même les inégalités. La monarchie absolue est bien malmenée par La Bruyère le roi Louis XIV, ses courtisans, ses ministres, les hommes d'Eglise, les magistrats... tous contribuent à un système fondé sur le paraître et l'intérêt cf. Du souverain ou de la république », Des jugements », De quelques usages », De la chaire ». La Bruyère critique vivement les guerres, coûteuses et inutiles, menées par Louis XIV et le moraliste en dénonce la sauvagerie et l'absurdité cf. Du souverain ou de la république ». Ces idées font de La Bruyère un homme à la charnière de deux siècles, celui du Roi Soleil et celui des Lumières. Les philosophes du XVIIIe n'auront de cesse de lutter contre la guerre et l'esclavage et d'oeuvrer pour davantage d'égalité et de justice. Si La Bruyère était un auteur classique, il était aussi peut-être un philosophe éclairé. Vous avez déjà mis une note à ce cours. Découvrez les autres cours offerts par Maxicours ! Découvrez Maxicours Comment as-tu trouvé ce cours ? Évalue ce cours !

leclef-concours sur les caractères de La Bruyère Exemple de sujet. Lexicologie 307. Première question de grammaire 313. Deuxième question de grammaire 321 . Stylistique 324 Bibliographie 331 Raphaëlle Longuet est professeure agrégée de Lettres modernes et doctorante à l'université Paris-Sorbonne. É ric Tourette est professeur agrégé de Lettres modernes à
Résumé Détails Compatibilité Autres formats En 1688, la ville et la cour sont bouleversées par la publication des Caractères. D’abord assimilés à un événement mondain, ils apparaissent aujourd’hui comme une œuvre moraliste majeure qui, dans sa critique de la comédie sociale, prend le recul nécessaire pour rendre ses remarques universelles. TOUT POUR COMPRENDRE • Notes lexicales • Biographie de l’auteur • Contexte historique et littéraire • Genèse et genre de l’œuvre • Chronologie et carte mentale LA COMÉDIE SOCIALE • Analyse du parcours • Groupement de textes • Histoire des arts VERS LE BAC • Explications linéaires guidées • Sujets de dissertation et de commentaire guidés • Recueil de citations • Méthodologie CAHIER ICONOGRAPHIQUE Lire plusexpand_more Titre Les Caractères, Livres V à X BAC 2022 EAN 9782080261441 Éditeur Flammarion Date de parution 30/06/2021 Format PDF Poids du fichier Inconnue Protection Adobe DRM L'ebook Les Caractères, Livres V à X BAC 2022 est au format PDF protégé par Adobe DRM highlight_off Cet ebook n'est pas compatible pour une lecture sur application iOs et Android Vivlio. highlight_off Cet ebook n'est pas compatible pour une lecture sur My Vivlio. highlight_off Cet ebook n'est pas compatible pour une lecture sur le lecteur Vivlio. check_circle Cet ebook nécessitera un logiciel propriétaire pour une lecture sur liseuse. De plus, la liseuse ne permet pas d'adapter la taille de la police d'écriture sur ce format. Je crée ma liste d’envies Vous devez être connectée pour pouvoir créer et sauvegarder votre liste d’envies cancel Déjà cliente ?Se connecter Pas encore inscrite ?Mon compte Un compte vous permettra en un clin d’oeil de commander sur notre boutique consulter et suivre vos commandes gérer vos informations personnelles accéder à tous les e-books que vous avez achetés avoir des suggestions de lectures personnalisées Livre non trouvé Oups ! Ce livre n'est malheureusement pas disponible... Il est possible qu’il ne soit pas disponible à la vente dans votre pays, mais exclusivement réservé à la vente depuis un compte domicilié en France. L’abonnement livre numérique Vivlio shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite ! check_circle Chaque mois, bénéficiez d’un crédit valable sur tout le catalogue check_circle Offre sans engagement, résiliez à tout moment ! L’abonnement livre numérique Vivlio shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite ! Vous allez être redirigé vers notre prestataire de paiement Payzen pour renseigner vos coordonnées bancaire Si la redirection ne se fait pas automatiquement, cliquez sur ce lien. Bienvenue parmi nos abonnés ! shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite !
Lorsquil rédige ses Caractères à la fin du règne de Louis XIV, La Bruyère observe les courtisans de la cour de Versailles pour mieux en faire des portraits satiriques. Comme son contemporain
Première générale Français Je révise Fiche La Bruyère, Les Caractères, livres V à X Je m'entraîne Annale corrigéeSujet d'oral La Bruyère, Les Caractères, livre XI, 121 Annale corrigéeSujet d'oral La Bruyère, Les Caractères, livre V, 9 Annale corrigéeSujet d'oral La Bruyère, Les Caractères, livre VIII, 19 Annale corrigéeDissertation Les Caractères des pièces sans masque et sans théâtre ? Chapitre précédent Retour au programme Chapitre suivant
LesCaractères de La Bruyère I) Le mélange des genres A) L'essai (2 points) Un essai est un récit dans lequel l'auteur débat d'un sujet selon son point de vue. La Bruyère, dans "les Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la Chez l'auteur antique Théophraste, les caractères sont conçus comme des portraits moraux », qui décrivent et classent les vices humains. Inspirés de cette œuvre, Les Caractères de La Bruyère contiennent des textes brefs, de formes variées l'anecdote succède à la sentence, et le portrait à la maxime.[Explication du sujet] Pierre Le Moyne, contemporain de La Bruyère et auteur de Peintures morales, définit le caractère, en tant que genre littéraire, comme une petite pièce de théâtre sans paroles, sans masque ni scène ou décor.[Problématique] L'œuvre de La Bruyère correspond-t-elle à cette définition ? Les Caractères se réfèrent-ils au genre théâtral ? En quoi, à tout le moins, le thème du théâtre y est-il central ?[Annonce du plan] Nous verrons tout d'abord ce que Les Caractères empruntent au théâtre, puis nous montrerons que cette œuvre complexe ne peut être réduite à ce seul modèle. Enfin, nous nous intéresserons au théâtre du monde » tel qu'il est représenté par La Le modèle du théâtre dans Les CaractèresLe secret de fabricationDans cette première partie, nous montrerons dans quelle mesure La Bruyère s'inspire du genre théâtral dans ses Caractères. 1. Des personnages de comédieLes personnages des Caractères évoquent souvent le monde du théâtre, en particulier celui de la comédie italienne. Dans les portraits où les protagonistes sont dotés de noms, certains renvoient à des personnages de théâtre, tels Acis ou noterLa comédie italienne met en scène des personnages types les jeunes amoureux, le vieux barbon, le valet audacieux…. Très appréciée au xviie siècle, elle sert de modèle aux dramaturges ailleurs, de nombreux personnages des Caractères correspondent à des types propres au théâtre comique l'ambitieux, le pédant, le parvenu, etc. À l'instar du Tartuffe de Molière, le faux dévot Aristarque Des Grands », 45 annonce avec héraut » et trompette » qu'il doit faire demain une bonne action ».Dans le caractère 50 Des Grands », les Pamphiles sont décrits comme de vrais personnages de comédie, des Floridors, des Mondoris ». Cette référence à de célèbres comédiens de l'époque suggère la parenté qui existe entre les personnages de La Bruyère et le théâtre Une mise en scène théâtralePour décrire les caractéristiques morales de ces personnages, La Bruyère utilise souvent le portrait en action – un procédé évoquant le genre théâtral. Dans le portrait de Théodote De la Cour », 61, l'accent est ainsi mis sur sa démarche », son attitude », ses gestes » afin de faire ressortir son inquiétante manie » de plaire. Le personnage de Théognis Des Grands », 48 est également représenté comme s'il évoluait sur une scène de théâtre il n'est pas hors de sa maison, qu'il a déjà ajusté ses yeux et son visage, afin que ce soit une chose faite quand il sera en public ».De manière plus générale, Les Caractères témoignent d'un goût pour la dramatisation, notamment par le recours aux effets de chute. Dans De la Société et de la Conversation », le caractère 9 dresse un décor minimal, un repas » mondain, et met en scène le pédant Arrias, qui ôte » la parole à tous les convives pour mieux se faire valoir, avant de le ridiculiser par une chute aussi comique qu' caricature et l'ensemble des procédés d'amplification, très courants au théâtre, jouent également un rôle important dans Les Caractères. L' incurable maladie de Théophile », l'ambitieux, en fournit un exemple Des Grands », 15.II. Une œuvre aux formes et sources d'inspiration variéesLe secret de fabricationDans la deuxième partie, nous verrons que le modèle du théâtre ne suffit pas pour décrire toute l'œuvre de La Bruyère, marquée notamment par l'influence de la Des fragments de genres différentsLes saynètes qui se réfèrent au genre théâtral ne constituent pas, toutefois, la majeure partie de l'œuvre de La Bruyère, qui contient également des aphorismes, des sentences et des maximes, autrement dit de brefs énoncés à valeur de vérité ailleurs, si le moraliste maîtrise l'art du morceau choisi », en particulier dans les portraits, il insiste, dans sa préface, sur le plan » de son ouvrage et les raisons qui entrent dans l'ordre des chapitres ». Il semble pertinent de ne pas se limiter à considérer les caractères chacun pris à part ». Les livres VII De la Ville », VIII De la Cour » et IX Des Grands » offrent, par exemple, une sorte de gradation Paris, singe de la Cour », en annonce les corruptions, tandis que les courtisans, ambitieux et grimaçants, préfigurent les Grands » et leurs travers. L'œuvre apparaît ainsi comme une vaste Le modèle de la peinturecitation Tout écrivain est peintre, et tout excellent écrivain excellent peintre. » Préface au Discours de réception à l'Académie » de La Bruyère.Dans sa préface, La Bruyère présente Les Caractères comme un portrait fait […] d'après nature », rapprochant son art de celui du peintre. Son modèle se trouve dans la mimesis des Anciens, autrement dit l'imitation du réel. Observateur averti de la société parisienne et de la Cour, il brosse des portraits saisissants de référence à la peinture est explicite dans certains caractères, comme le double portrait de Cimon et Clitandre De la Cour », 19 le moraliste doit peindre le mouvement » afin de représenter » ces courtisans affairés, qui jouent les portrait de Théodote De la Cour », 61 témoigne, par ailleurs, d'un art consommé de l'hypotypose. En quelques phrases, La Bruyère fait surgir une image frappante dans l'esprit du lecteur, notamment par l'énumération d'adjec­tifs [Théodote] est fin, cauteleux, doucereux, mystérieux ».Cependant, qu'il exerce des talents de peintre ou de metteur en scène, le moraliste vise principalement à mettre au jour le fonctionnement de la société Les Caractères ou le théâtre du monde »Le secret de fabricationDans la troisième partie, nous réexaminerons la citation initiale en nous attachant à démontrer en quoi la représentation théâtrale est au cœur des Caractères en tant que métaphore du fonctionnement de la société. 1. La société comme représentation théâtralePour La Bruyère, se trouver en société, c'est voir un homme qui entre sur la scène » De la Cour », 61. Nul besoin de masque ni de décor de théâtre pour décrire un monde fondé sur les apparences, où chacun est en représentation permanente, que ce soit à la ville » ou à la Cour ». Le moraliste reprend ainsi l'image baroque du théâtre du monde ».mot cléL'expression theatrum mundi le théâtre du monde renvoie à la dimension théâtrale de la vie en société. Dans Comme il vous plaira, Shakespeare écrit que le monde entier est un théâtre, / Et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. »Dans le caractère 99 De la Cour », La Bruyère développe l'analogie entre le monde » et le théâtre ». Il évoque le temps à venir où ses contemporains auront disparu de dessus la scène », remplacés par de nouveaux acteurs ». La scène » du monde est immuable et les générations s'y succèdent. L'auteur considère la société pour ce qu'elle est, à savoir une comédie », terme qui désigne au xviie siècle une pièce comique aussi bien que le théâtre en sein de ce théâtre, les hommes et les femmes, gouvernés par leur amour-propre, vivent dans le seul théâtre de leur vanité » De la Ville », 11, tel Pamphile, qui ne se perd pas de vue » pour s'assurer qu'il joue bien son rôle en un mot [il] veut être grand, il croit l'être, il ne l'est pas, il est d'après un Grand » Des Grands », 50.2. Le rôle du moralisteSi le monde se présente comme un théâtre, le moraliste s'efforce d'en dévoiler les coulisses et de faire tomber les masques de ses le double portrait de Cimon et Clitandre, La Bruyère incite le lecteur, par une série de conseils, à s'imaginer partie prenante de la scène. Une fois conscient de ce qui se cache derrière les apparences de la vie en société, le lecteur peut adopter le recul nécessaire afin de ne plus en être ailleurs, lorsque le moraliste donne la parole à ses personnages, c'est bien souvent pour en montrer la vacuité, comme dans le portrait de Straton De la Cour », 96 où l'on rapporte ce que ce personnage a dit de soi » pour se faire valoir ». En ce sens, les discours des personnages sont dénoncés comme des artifices supplémentaires, au même titre que leur costume ou leur Caractères partagent ainsi une même ambition avec le théâtre classique corriger les mœurs par le rire. Conformément à la doctrine classique, la pièce » tend à instruire le lecteur ou le spectateur tout en le divertissant. La satire des travers humains chez La Bruyère n'est pas sans rappeler la représentation qu'en donne Molière dans L'Avare ou Le cléCastigat ridendo mores signifie corriger les mœurs par le rire » et renvoie à la fonction morale du théâtre comique le spectacle des vices humains et de leur châtiment doit conduire le public à s' Si La Bruyère emprunte de nombreux procédés au théâtre dans Les Caractères, il se veut avant tout le peintre des travers de ses contemporains afin de corriger les mœurs par le rire ». Au-delà du plaisir de la représentation », il dévoile les mécanismes du théâtre du monde » et invite les lecteurs à ne pas en être dupes.[Ouverture] Le moraliste dresse ainsi le tableau d'une comédie humaine », comparable à celle que Balzac décrira deux siècles plus tard. Lisezce Littérature Mémoires Gratuits et plus de 31 000 autres dissertations et fiches de lecture. Commentaire littéraire (Jean de la Bruyère, Les Caractères, De l'homme). 2. Un homme sans gêne ni scrupule Certes, Gnathon Jean de La Bruyère écrit Un homme né chrétien et Français se trouve contraint dans la satire ; les grands sujets lui sont défendus il les entame quelquefois, et se détourne ensuite sur de petites choses, qu’il relève par la beauté de son génie et de son style. » Les Caractères, 1688, chap. I, fr. 65 Dans quelle mesure cette remarque vous paraît-elle éclairer l’œuvre satirique de Boileau? Navigation des articles Etude des satires et de l'art poétique Sujets: La Bruyère, Jean de (1645-1696) > Les caractères. Exemplaires; Description; Table des matières; Quatrième de couverture; Affichage MARC ; Description; Résumé : Une étude thématique et stylistique des Caractères de Jean de La Bruyère et des analyses historiques considérant l'oeuvre dans le contexte littéraire et social de l'époque. Contient une biographie. I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET Sujet Contraintes ● Vous ferez le commentaire de l'extrait de La Bruyère ► Contrainte explicite le commentaire d’un extrait des Caractères de La Bruyère. ► Contraintes implicites il convient de montrer - son habileté à commenter, en organisant une réflexion sur un texte qui permette d’en révéler la signification profonde, en s’appuyant sur des exemples ; - que le texte a une visée argumentative, puisque c'est l'objet d'étude du sujet. Aidez-vous de votre travail sur la question. Caractéristiques générales du texte attendu ● Il s'agit de produire un commentaire composé, qui prenne non pas la forme d’une explication de texte, comme à l’oral de français, et encore moins d’une paraphrase ou d’un récit reprenant le texte. ● Ce commentaire doit prendre la forme de la dissertation littéraire, être écrit comme un essai. ● Aucune remarque sur la forme du texte à étudier ne doit faire l’objet d’une analyse ou d’un développement à part, sans relation avec la signification de l’œuvre. ● Aucune allusion aux textes du corpus, aucune comparaison n’est demandée, ni souhaitable, sauf s’il apparaissait clairement que l’auteur n’a écrit ce texte qu’en réaction ou après avoir lu les textes antérieurs, qui figurent dans le corpus. II - LES DIFFERENTS TYPES DE PLANS POSSIBLES Par un plan analytique, c'est celui que nous proposons 1. la technique du portrait comment La Bruyère s'y prend pour que nous nous représentions bien Gnathon ; 2. la fonction de ce portrait que cherche à dénoncer La Bruyère ? Par un plan descriptif, c'est peut-être celui auquel beaucoup d'entre vous vont penser 1. le comportement, le portrait en acte attention à ne pas parler de portrait physique on n'en a pas ici ; 2. le caractère ; 3. mais il faudrait forcément ajouter une partie sur la fonction satirique donc cette partie rejoindrait le plan analytique en se demandant ce que représente ce personnage. Le risque de ce plan est de se répéter car la dénonciation est contenue dans la peinture du caractère. C'est aussi de voir des éléments qui ne sont pas vraiment dans le texte portrait physique ou même portrait moral. Au fond, La Bruyère ne fait que décrire le comportement de Gnathon. A nous d'en déduire son défaut de caractère. III - LES PISTES DE REPONSES PREMIeRE PARTIE LA TECHNIQUE DU PORTRAIT 1. Un portrait vivant et en mouvement La Bruyère dresse le portrait d'un homme en action, nous le voyons vivre sous nos yeux noter dès la première phrase l'utilisation du verbe "vivre" "Gnathon ne vit que pour soi". On pourrait parler de portrait saisi au vif, c'est-à-dire en action, en mouvement. Plusieurs indices le montrent – l'utilisation du présent tout au long du texte présent à la fois de narration et de description dans les deux cas, le présent nous donne à voir, sous nos yeux mêmes, le personnage. – l'accumulation des verbes, et notamment des verbes d'action "il manie les viandes, les remanie, démembre, déchire" "il écure ses dents, il continue à manger" l. 12. – on l'observe dans plusieurs situations de la vie quotidienne à table à 12 ; ensuite "quelque part où il se trouve" "au sermon" c'est-à-dire à l'église, "au théâtre","dans sa chambre", "dans un carrosse", en "voyage avec plusieurs", "dans les hôtelleries". C'est comme si on suivait son emploi du temps. – si la plupart du temps, le portraitiste est extérieur au personnage, il lui arrive parfois de restituer ses pensées en focalisation interne "il voudrait pouvoir les savourer tous" l. 5, "il oublie " l. 3, "et ne souffre pas" l. 13 au sens il ne supporte pas. Non contents de le voir agir, nous savons donc ce qu'il pense. – l'écriture sert ce portrait en mouvement. Les phrases sont courtes pour la plupart. La Bruyère ne les relie presque jamais entre elles on peut parler d'effet de parataxe. L'impression produite est celle de la rapidité comme si l'écrivain croquait le personnage en quelques traits rapides et sûrs. L'effet sur le lecteur est évidemment de rendre ce portrait plus réel. Le texte en devient plus accessible, plus lisible. 2. Un portrait caricatural Ce portrait a une autre caractéristique il est exagéré et tend à la caricature. Comme un dessinateur, La Bruyère trace des traits insistants, appuyés. Là encore, on peut relever plusieurs indices – les hyperboles à table, Gnathon "occupe lui seul" la place "de deux autres". Il se comporte comme un glouton répugnant et sans gêne "s'il enlève un ragoût de dessus un plat, il le répand en chemin dans un autre plat et sur la nappe" l. 9-10 ; "il mange haut est avec grand bruit" l. 11 ; "le jus et les sauces lui dégouttent du menton et de la barbe" l. 9. – les oppositions servent aussi la caricature. Gnathon dévore tout, pendant que "les conviés, s'ils veulent manger, mangent ses restes" l. 7. Son comportement est tellement répugnant qu'il est capable "d'ôter l'appétit aux plus affamés" l. 8. Enfin, "il ne pleure point la mort des autres, n'appréhende que la sienne". – certaines répétitions "il sait toujours se conserver dans la meilleure chambre le meilleur lit", "ne se contraint pour personne, ne craint personne". – les images "la table est pour lui un ratelier" métaphorise Gnathon en un animal de ferme qui mange son fourrage cf. note ! – le nom même de Gnathon désigne en grec la mâchoire mais vous n'êtes pas censé le savoir…. L'effet sur le lecteur est évidemment comique. Conclusion de cette première partie La Bruyère est particulièrement habile, il séduit le lecteur par sa vivacité et son humour. Sans doute est-ce une façon de mieux nous préparer à la réflexion… Transition On devine que cette technique du portrait a une intention précise. La caricature tend en général à dénoncer. Il faut donc se demander quelles cibles vise La Bruyère. DEUXIeME PARTIE LA FONCTION DE CE PORTRAIT 1. La critique d'un caractère Il ne faut pas oublier le titre de l'œuvre, Les Caractères. La Bruyère ne cite jamais explicitement le trait de caractère qu'il veut ici critiquer. Mais il nous donne plusieurs indices pour le déduire nous-mêmes de son portrait. Le trait dominant est ainsi suggéré dès le début - la première phrase est une périphrase pour définir l'égoïsme "Gnathon ne vit que pour soi". On retrouve cet égoïsme dans les situations évoquées ensuite "il tourne tout à son usage" l. 17 ; ou encore "tout ce qu'il trouve sous la main lui est propre, hardes, équipages"l. 17. "Soi", "à son égard", "lui seul", "manière d'établissement", "pour lui", "fait son propre", "son usage, "propre" sont des termes qui expriment tous l'égoïsme. Mais ce qui est intéressant est que La Bruyère approfondit la peinture de ce caractère en en montrant les conséquences et les dangers – l'absence de savoir vivre. Gnathon ne respecte ni les autres, ni les règles élémentaires de la vie en société "malpropretés dégoûtantes capables d'ôter l'appétit aux plus affamés" l. 8, "il ne se sert à table que de ses mains" l. 6. –le mépris des autres "tous les hommes ensemble sont à son égard comme s'ils n'étaient point" ; il "rachèterait volontiers" sa propre mort "de l'extinction du genre humain". Ainsi, à deux endroits stratégiques du texte, l'incipit et la conclusion, l'auteur insiste sur le même trait pour Gnathon, les autres n'existent pas. – l'absence de compassion, voire la cruauté il "ne plaint personne", "ne pleure point la mort des autres" montre un personnage sans cœur. – enfin, on devine une forme d'hypocrisie, lorsque, pour conserver dans un carrosse la place du fond, il fait croire que sinon "il pâlit et tombe en faiblesse". Image très éloignée du glouton qu'on a vu précédemment ! Tout comme l'est celle, d'ailleurs, de l'hypocondriaque un malade imaginaire qui ne connaît que "sa réplétion et sa bile" De même, il agit en sournois pour avoir la meilleure chambre "s'il fait un voyage à plusieurs, il les prévient dans les hôtelleries". 2. Faire réfléchir le lecteur Plusieurs autres perspectives sont proposées au lecteur, mais de façon implicite – A travers Gnathon, La Bruyère dénonce peut-être aussi le comportement sans gêne de ceux qui ont de l'argent. Les "mets" que le personnage dévore à table pourraient être la métaphore des richesses non partagées. Les autres doivent se contenter de "restes". Le texte contiendrait donc une part de satire sociale et nous inviterait à réfléchir sur les inégalités sociales c'est ainsi, aussi qu'il se rattacherait au corpus. Mais cette satire est plus manifeste dans d'autres livres des Caractères, comme "De la cour et des grands" par exemple. – l'essentiel est de percevoir la marge de liberté qui nous est laissée. La Bruyère ne donne pas les clés d'interprétation. Il se contente d'observer et d'orienter notre regard. Ainsi, il semble se manifester dans certaines remarques "on le suit à la trace" l. 10, "si on veut l'en croire" l. 15. Mais le "on" peut désigner tout autant le "je" que n'importe quelle personne côtoyant le personnage, et même le lecteur. Nous sommes ainsi invités à participer à l'élaboration du portrait. Conclusion Le texte est intéressant pour plusieurs raisons – la peinture approfondie d'un caractère qu'on devine aisément lié à une certaine classe sociale la richesse s'accompagne d'égoïsme, l'égoïsme de mépris et de cruauté. – la capacité de l'écrivain à croquer en quelques lignes un portrait à la fois drôle, incisif, réaliste, vivant, et riche de significations. Il est normal que La Bruyère ait inspiré les autres écrivains. Parmi eux, citons Molière qui aurait pu s'inspirer de la haine du genre humain manifestée par Gnathon pour créer son personnage d'Alceste dans le Misanthrope. – enfin, il nous montre que le portrait est un genre qui peut servir une visée argumentative. Il rejoint ainsi toutes les autres formes littéraires susceptibles d'emporter l'adhésion du lecteur. IV - LES FAUSSES PISTES Il ne fallait surtout pas ● dissocier l'étude du fond et de la forme. ● se limiter à l'étude du caractère sans dégager la technique du portraitiste.

Lenjeu est alors ici de comprendre comment Jean de La Bruyère arrive à capturer l’idée d’un monde purement théâtral dans Les Caractères (libres V à X) à travers cette cour courtisane,

IParcours réflexions sur l'intitulé du parcours La comédie sociale » L'intitulé du parcours fait le rapprochement entre la vie en société et le théâtre. Il faut donc s'intéresser aux définitions de ces deux notions ainsi qu'au rapport qu'elles entretiennent. Le terme comédie » est polysémique, il peut avoir différentes significations. Une comédie » peut désigner tout d'abord une pièce de théâtre divertissante. Le mot comédie » désigne également une attitude fausse et théâtrale. Antoine de Furetière, un lexicographe de renom du XVIIe siècle, définit ainsi le terme de comédie » 1. Piece de theatre composée avec art, en prose, ou en vers, pour representer quelque action humaine ; & se dit en ce sens des pieces serieuses, ou burlesques. »2. COMEDIE, se dit par extension de toute action plaisante, ou ridicule, qui se fait en compagnie. » Il y a donc aujourd'hui derrière l'idée de comédie, tout comme au XVIIe siècle, celle de pièce de théâtre et de faut noter qu'aujourd'hui, le terme peut également désigner une attitude désagréable et insupportable synonyme de caprice ». On peut, par extension, associer le mot comédien » à l'intitulé du parcours. Ce terme peut signifier personne qui fait du théâtre » mais également personne qui se compose une attitude ». Le terme sociale » signifie qui est relative à une société ». Une société désigne le milieu dans lequel vivent les hommes en groupe. Ce milieu est régi par des lois. Il y a, dans toute société, des interactions permanentes entre les individus qui la composent. Lorsqu'on parle de comédie sociale », on étudie donc la manière dont les individus se mettent en scène et sont mis en scène dans leurs interactions avec les autres. Les hommes jouent donc un rôle et s'offrent en spectacle. Mais ils sont également les spectateurs de cette comédie. En somme, l'homme est un comédien qui joue la comédie sociale car il essaie de paraître ce qu'il n'est pas. Dans Les Caractères, Jean de La Bruyère dénonce la comédie sociale. L'hypocrisie est généralisée et les hommes sont sans cesse en représentation. Ils jouent un rôle en permanence et ne sont pas sincères. Pour lui, les actions individuelles et les interactions sociales sont saturées de mensonges et de faux-semblants. L'intitulé du parcours invite à se poser diverses questions Comédie ou tragédie sociale ? En quoi la société est-elle le lieu d'une comédie permanente ? Dans quelle mesure les hommes sont-ils acteurs et spectateurs du monde ? Quel regard porter sur la comédie sociale ? Qu'y a-t-il de théâtral dans la société ? IIJean de La Bruyère, l'auteur des Caractères Jean de La Bruyère est une figure marquante de son époque, issu de la noblesse de robe. Après des études de droit et la formation du duc de Bourbon, il va marquer les mémoires en publiant Les Caractères en 1688. Jean de La Bruyère naît le 16 août 1645 à Paris. Il est issu d'une famille bourgeoise de la magistrature. En 1665, après des études de droit, il soutient ses thèses et devient avocat. Mais ce métier lui plaît peu. En 1673, La Bruyère achète une charge de trésorier des finances à Caen, ce qui l'anoblit et lui procure des revenus confortables. Il appartient alors à ce que l'on appelle la noblesse de robe ». Noblesse de robe La noblesse de robe » regroupe tous les nobles qui occupent des fonctions gouvernementales, principalement dans la justice et les finances. On les appelle également les robins ». En 1680, La Bruyère rencontre Bossuet qui est le précepteur du Dauphin. Quatre ans plus tard, grâce aux recommandations de Bossuet, il devient le précepteur du duc de Bourbon qui appartient à l'une des plus grandes familles de France les Condé. C'est le début de l'ascension sociale de La Bruyère. En 1686, la formation du jeune duc est terminée. Mais La Bruyère reste au service de la maison de Condé. Il a la fonction de gentilhomme ordinaire » de M. le Duc. Il s'occupe de la gestion de la bibliothèque. Comme il fréquente la cour, La Bruyère a l'occasion d'observer ceux qui la constituent. Cela lui donne de la matière pour l'ouvrage qu'il est en train d'écrire. En 1688, il publie pour la première fois Les Caractères. Le succès est fulgurant. La Bruyère ne cessera de rééditer son livre en y ajoutant régulièrement de nouvelles réflexions. En 1693, il est élu à l'Académie française bien que les Modernes », et principalement Fontenelle, s'y soient vivement opposés. En 1696 paraît la dernière version des Caractères qui est constituée de 1 120 remarques. Le 10 mai 1696, La Bruyère meurt à Versailles d'une hémorragie cérébrale. La querelle des Anciens et des Modernes est une dispute littéraire qui naît au XVIIe siècle au sein de l'Académie française. Les Anciens soutiennent l'idée que les auteurs antiques doivent rester des modèles dans la création littéraire alors que les Modernes pensent que l'on peut rivaliser avec les auteurs antiques et qu'il faut renouveler la création artistique. IIIPrésentation de l'œuvre La Bruyère puise son inspiration dans les tourments de son époque pour écrire son œuvre. Son titre complet, Les Caractères ou Les Mœurs de ce siècle, y fait d'ailleurs référence. L'ouvrage est divisé en seize livres. Chacun s'attarde sur un aspect de la société du XVIIe siècle, à travers différents portraits. ALe contexte Le contexte historique est primordial dans cette œuvre. En effet, La Bruyère s'en inspire pour nourrir son ouvrage et, surtout, pour en faire la critique. Les guerres et les inégalités sociales et économiques sont notamment Caractères sont écrits pendant le règne de Louis XIV. En 1688, à leur parution, Louis XIV s'est déjà installé avec toute sa cour à Versailles. Les nobles les plus en vue sont ainsi éloignés de Paris. Louis XIV les maintient sous son emprise et les empêche, de cette manière, de comploter contre lui. Les nobles se soumettent alors à l'étiquette qui réglemente leurs relations et leurs comportements. Ils ne sont occupés que par des loisirs et des divertissements. Leur seul but devient alors de se faire bien voir par le règne de Louis XIV est marqué par des guerres, dont la guerre de Neuf Ans qui débute en 1688, mais aussi par les persécutions religieuses contre les jansénistes et contre les inégalités sociales et économiques sont très fortes à cette époque. On distingue trois ordres qui divisent la société sous Louis XIV la noblesse, le clergé et le tiers état. Ces ordres sont marqués par de grandes inégalités internes. La population française est donc très divisée. De plus, Louis XIV asservit les arts et la religion pour en faire des outils de soutien politique. C'est une des manifestations de l' Bruyère va utiliser toute cette matière pour composer son œuvre. Il va s'offusquer de la condition du tiers état, du comportement des bourgeois et des nobles mus par une ambition nuisible, il va s'insurger, également, contre l'hypocrisie et la fourberie des plus grands. Il fait ainsi la critique acerbe d'une société d'Ancien Régime corrompue et décadente. La Bruyère est ce que l'on appelle un moraliste. Un moraliste, au XVIIe siècle, est un écrivain qui observe et peint les mœurs de son époque et propose une morale solide. Il s'agit, pour les moralistes, de plaire et d'instruire avec une volonté de montrer aux hommes comment bien conduire leurs mœurs. BRésumé de l'œuvre Les Caractères de La Bruyère regroupent des maximes, des portraits ou des réflexions qui sont réparties en seize livres. Chaque livre aborde un aspect de la société de l' Bruyère présente ses Caractères comme étant la suite de l'œuvre de Théophraste, Caractères, probablement écrite en 319 av. Les Caractères comptent, au total, seize livres. Chaque livre est consacré à un aspect de la société de l'époque de La Bruyère. Les livres V à X, qui font l'objet de la présente étude, sont organisés de manière logique. Ainsi, à l'image de la hiérarchie sociale qui ordonne la société française, ces livres sont arrangés selon un ordre croissant ». Le livre V est consacré aux relations humaines en général et le livre X est consacré au roi Louis des livres est subdivisé en remarques il y en a 420 au total dans toute l'œuvre, certaines fonctionnant comme des réflexions et d'autres comme des portraits, des morales ou des maximes. La Bruyère utilise différents styles et procédés qui rendent son œuvre unique et plaisante le dialogue, la saynète, l'apologue, le pastiche, le récit, la description, la comédie, dessein de La Bruyère est de peindre l'homme en général » et ce d'après nature » préface aux Caractères. Le titre complet de l'œuvre est Les Caractères ou Les Mœurs de ce siècle. Cela sous-entend que La Bruyère va peindre à la fois les défauts individuels des hommes leur caractère et les défauts de la société les mœurs. Caractère Le mot caractère vient du latin character qui signifie marque, empreinte, signe distinctif » et du grec kharakter qui signifie signe, empreinte ». Par extension, le mot caractère » prend le sens de disposition morale d'une personne ». Le terme désigne, en littérature, une forme qui fait la peinture des mœurs des hommes à partir de leurs caractéristiques individuelles. 1Livre V De la société et de la conversation 83 remarques La Bruyère étudie, dans ce livre, les relations humaines et notamment l'usage de la lui, les hommes ne s'écoutent pas et cherchent sans cesse à se dominer les uns les autres. Alors que la parole devrait être un outil d'échanges et de conversation dans le but de s'instruire et de se comprendre, elle devient un outil qui sert les disputes, les moqueries et les intérêts de chacun. La Bruyère ébauche, en filigrane, le portrait de l'honnête portraits principaux du livre V sont ceux d'Acis, Arrias, Théodecte, Troïle, Cléon, Euthyphron, Cléante et Hermagoras. 2Livre VI Des biens de fortune 83 remarques Ce livre a pour thème principal l'argent. La Bruyère dénonce l'effet pervertissant des Bruyère explique que c'est l'argent qui fait fonctionner la société. Il explique que l'argent a des effets néfastes sur la personnalité des hommes. Pour lui, l'argent est à l'origine de la décadence des hommes et de la société dans laquelle ils vivent car il la régit et en menace l' portraits principaux du livre VI sont ceux de Clitiphon, Arfure, Crésus, Périandre, Chrysippe et Ergaste. 3Livre VII De la ville 22 remarques Dans ce livre, La Bruyère fait une satire féroce des habitants de la ville de Paris et particulièrement des parvenus ».La ville est un lieu corrompu où les gens se livrent à une véritable comédie sociale. En effet, les bourgeois imitent les gens de la cour en se mettant en scène. C'est également un endroit où toutes les classes sociales se côtoient, cohabitent et se mélangent. Mais chacun essaie de sortir de sa classe sociale par tous les moyens possibles. La Bruyère déplore aussi le fait que seules les apparences comptent car chacun est soumis au regard de l'autre. Paris est donc un véritable théâtre qui montre le spectacle déplorable de la malveillance, de l'hypocrisie et de la tromperie remarque 22, qui clôture le livre VII, permet à l'auteur d'évoquer les mœurs des anciens Romains et de les ériger en portraits principaux du livre VII sont ceux de Narcisse et Théramène. 4Livre VIII De la cour 101 remarques Dans ce livre, La Bruyère poursuit la métaphore théâtrale. Il montre que la cour n'est que faux-semblants, hypocrisie et Bruyère dénonce le règne des apparences. Les courtisans sont fustigés pour leur orgueil et leur ambition démesurée. Il se moque de leur comportement et des règles ridicules de l'Étiquette. Leur désir incessant de reconnaissance et leur souci permanent de plaire font d'eux les pantins du roi et des plus remarque 101 apporte une véritable morale la sagesse veut que l'on s'éloigne de la portraits principaux du livre VIII sont ceux de Cimon, Clitandre, Théonas, Timante, Théodote et Straton. 5Livre IX Des grands 56 remarques Dans ce livre, le moraliste dénonce les privilèges acquis par la naissance et le mépris du mérite Bruyère évoque les grands », c'est-à-dire les hommes issus des familles les plus puissantes. Ces grands », qui sont vaniteux, dominent et écrasent les plus petits » qui se soumettent à eux dans une forme de servitude volontaire. Malgré tout, les grands » ne se comportent pas mieux que les petits » et ils possèdent tous les mêmes défauts. Ce livre est placé sous le signe de l'ironie, du sarcasme, de la raillerie et de la portraits principaux du livre IX sont ceux de Théophile, Théognis, et Pamphile. Le Discours de la servitude volontaire est une œuvre d'Étienne de La Boétie, un penseur du XVIe siècle. Ce discours est un réquisitoire contre l'absolutisme. La Boétie essaie de comprendre comment tout une population peut se soumettre à un seul et même homme. Il soutient que cette servitude est consentie et non pas forcée. 6Livre X Du souverain ou de la république 35 remarques Ce livre est consacré au roi Louis XIV. La Bruyère y évoque également l'exercice du dénonce les abus de Louis XIV et plus particulièrement les guerres qu'il mène. Le moraliste prodigue des conseils au roi et il établit une liste de qualités qui devraient être celles de ceux qui gouvernent. À travers ces remarques se profile la critique latente mais sévère de Louis XIV. Il propose aussi le portrait de dirigeants idéaux par le biais de la métaphore du prince-berger remarque 29 et le portrait d'un souverain parfait remarque 35. Il évoque dans ce chapitre les devoirs du souverain et des dirigeants mais aussi ceux du peuple. CLes personnages principaux Les portraits dépeints par La Bruyère lui permettent de parler de son époque, d'évoquer un type n'y a pas à proprement parler de personnages » dans cette œuvre, car c'est un essai. Cependant, on y trouve de nombreux portraits. Les figures dont La Bruyère fait le portrait sont issues de l'Antiquité ou tirées des comédies antiques ou classiques. Bien que nombre de lecteurs ont essayé de savoir qui se cachait derrière ces portraits, La Bruyère a insisté sur son dessein tenir des propos sur la nature humaine en général. Derrière chaque portrait se cache donc un type personnages ne sont pas ou peu décrits physiquement. La Bruyère n'étudie pas non plus leur psychologie. Il s'efforce de brosser un portrait de leurs mœurs et de leurs mener ces portraits à bien, il emploie principalement deux procédés littéraires l'hypotypose et l'éthopée. Hypotypose L'hypotypose est une figure de style qui consiste à décrire une scène ou une personne de manière tellement frappante et animée que le lecteur a l'impression de vivre cette scène ou d'être en face de cette personne. Éthopée L'éthopée est un procédé qui consiste à décrire des personnages par l'évocation de leurs mœurs et de leurs coutumes. C'est donc une description qui a pour objectif de dresser le portrait moral d'un personnage. DLes thèmes principaux La Bruyère aborde de nombreux thèmes dans Les Caractères. Cependant, trois d'entre eux sont particulièrement importants l'honnête homme, le theatrum mundi et la peinture et la critique des mœurs de la société de son temps. 1L'honnête homme Dans Les Caractères, La Bruyère propose, par le biais des portraits satiriques qu'il fait de ses personnages » et par contraste, l'image idéale de l'honnête homme représente l'idéal de l'époque classique. Le Larousse le définit ainsi Homme du monde accompli, d'un esprit cultivé mais exempt de pédantisme, agréable et distingué tant dans son aspect physique que dans ses manières ». Époque classique L'époque classique est la période littéraire durant laquelle règne le classicisme en France, c'est-à-dire entre 1660 et 1685. Le classicisme est régi par des règles esthétiques et morales très strictes sobriété et clarté du propos, imitation des auteurs de l'Antiquité, désir de plaire et d'instruire. Les auteurs de cette époque cherchent à égaler la perfection de la beauté des œuvres antiques. Ainsi, l'honnête homme est un homme de goût. Il sait plaire naturellement, sans faire usage d'artifices. C'est un érudit qui est capable de rester modeste et discret. Il utilise la conversation à bon escient et ne doit être ni présomptueux ni imbu de lui-même. Il doit, en restant mesuré et délicat, savoir se rendre plaisant et divertissant. C'est donc un homme cultivé et de bonne compagnie qui se caractérise par sa maîtrise de lui-même et par celle des relations faisant le portrait de personnages ridicules comme Théodecte livre V, remarque 12 qui est trop théâtral, en mettant en lumière des défauts risibles à l'image de la vanité et de l'égoïsme de Narcisse livre VII, remarque 12, en dénonçant les travers de la nature humaine et en se riant de la conduite des hommes qui sont manipulateurs, arrivistes et intrigants comme le sont les hommes de cour livre VIII, La Bruyère construit, finalement, le portrait de l'honnête homme en montrant ce qu'il ne faut pas faire. 2Le theatrum mundi Le motif du theatrum mundi est ce que l'on appelle un topos littéraire c'est un thème traditionnel et répandu en littérature. Le theatrum mundi fait le rapprochement entre le jeu théâtral et la vie en société. Cela peut se traduire par le théâtre du monde ».L'idée du theatrum mundi renvoie à une conception biblique du monde. D'après les préceptes chrétiens, Dieu est le créateur de notre monde puis il en devient le spectateur. Ainsi, le monde est un théâtre dans lequel chaque être humain joue un rôle. Le monde n'est donc qu'une illusion et la vie n'est donc qu'une comédie sans idée se retrouve à de nombreuses reprises dans Les Caractères. Dans livre VI Des biens de fortune » remarque 31, La Bruyère écrit Le peuple souvent a le plaisir de la tragédie il voit périr sur le théâtre du monde les personnages les plus odieux, qui ont fait le plus de mal dans diverses scènes, et qu'il a le plus haïs. » C'est particulièrement au cours du livre VIII, à la remarque 99, qu'il exprime cette idée. Les Caractères, Livre VIII »Le monde est une comédie perpétuelle. Rien ne change sauf les acteurs ». Mais les nouveaux hommes qui remplacent les anciens vont répéter les mêmes comportements. 3La peinture et la critique des mœurs de la société de son temps La Bruyère, en bon moraliste, cherche à dénoncer les défauts des hommes et les vices de son époque en peignant la société. Cela lui permet de montrer ce qu'il faut faire et ce qui est à Bruyère, au service de la famille de Condé, fréquente régulièrement Versailles et la cour. Il a donc tout le loisir d'observer le microcosme qui la constitue. Il est l'observateur direct des vices et des vertus des hommes de son époque. Les portraits qu'il fait sont inspirés par les personnes qu'il croise. Par l'intermédiaire de ses Caractères, La Bruyère cherche à montrer à ses contemporains les travers de leurs mœurs et les défauts de leurs comportements. Il montre qu'ils sont corrompus et corruptibles tant ils accordent de l'intérêt à l'argent. Ainsi, dans le livre VI Des biens et des fortunes », le moraliste dénonce la toute-puissance de l'argent qui perturbe l'ordre social. La société n'est pas régie par le mérite mais par la richesse. Les plus riches asservissent les plus pauvres qui se retrouvent exclus de la société. Ainsi, La Bruyère prend notamment l'exemple d'Ergaste livre VI, remarque 28 prêt à tout pour s'enrichir ou de Giton et Phédon livre VI, remarque 83 dont la vie est bien différente en raison de leur fortune. Le premier se donne tous les droits sur les autres en raison de sa richesse, il est heureux et a une vie sociale épanouie. Inversement, le second, Phédon, semble exclu de toute vie sociale car il est l'auteur, la ville et la cour concentrent et exacerbent les vices de l'homme. En effet, ces deux lieux montrent tout à la fois le clivage social et la perméabilité des classes. Pour l'auteur, cela conduit à un déséquilibre de la société. En effet, les apparences et les faux-semblants modifient l'ordre social et créent une instabilité. Cette instabilité se remarque à travers le destin de certains personnages qui passent de la fortune à l'infortune en un rien de temps. La Bruyère prend le cas d'un homme anonyme qui, à peine installé dans ses nouvelles fonctions qui le mettent dans la lumière, s'en retrouve rapidement déchu, ce qui le replace dans l'ombre livre VIII, remarque 32. Or, cette instabilité permanente ne favorise ni le mérite ni la vertu. Ainsi, dans le livre VI Des biens de fortune », La Bruyère fait le portrait de Sosie remarque 15, qui passe du statut de domestique à celui d'administrateur des biens d'une paroisse religieuse il devient donc noble non pas grâce à son mérite mais par le biais de fraudes financières et de au-delà d'une critique des mœurs du peuple, La Bruyère fait aussi la critique de ceux qui gouvernent. C'est l'objet de livre X intitulé Du souverain et de la république ». Tout en y dénonçant les défauts d'un mauvais souverain, il montre les exemples que ceux qui gouvernent devraient suivre. Ainsi, il critique tout particulièrement l'absolutisme et la tyrannie qui en découle C'est la manière la plus horrible et la plus grossière de maintenir, ou de s'agrandir » remarque 2, Il n'y a point de patrie dans le despotique » remarque 4. La Bruyère s'insurge également contre la guerre qui ravage le pays et le peuple remarque 10. Le moraliste se permet ensuite de donner des conseils au souverain pour devenir un bon roi il doit s'entourer remarques 14 et 23, il doit servir les intérêts du peuple et non les siens remarque 24, il doit conduire son peuple comme un berger conduit son troupeau remarque 29, enfin, il doit être constant et juste envers son peuple remarque 35. C'est d'ailleurs dans cette trente-cinquième et dernière remarque que La Bruyère brosse le portrait du souverain idéal. AArrias Livre V De la société et de la conversation », remarque 9 Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c'est un homme universel, et il se donne pour tel il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d'un grand d'une cour du Nord il prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils en savent ; il s'oriente dans cette région lointaine comme s'il en était originaire ; il discourt des mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu'à éclater. Quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur "Je n'avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d'original je l'ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance." Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée, lorsque l'un des conviés lui dit C'est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive fraîchement de son ambassade." » Hyperboles Vocabulaire des faux-semblants Vocabulaire de la parole Arrias monopolise la parole La rigueur scientifique » de la démarche d'Arrias Un retournement de situation comique Il y a quatre mouvements essentiels à retenir de ce texte. 11er mouvement un portrait peu flatteur Arrias est d'emblée présenté comme un homme pédant et imbu de lui-même. Les hyperboles montrent qu'il est toujours dans l'excès et inscrivent le portrait d'Arrias dans la satire. Le vocabulaire des faux-semblants fait comprendre que c'est un trompeur. Il préfère le mensonge à la vérité. L'expression c'est un homme universel » montre qu'en fait Arrias est un personnage-type. Il représente à la fois la pédanterie et la comédie que les hommes jouent en société. 22e mouvement la sottise d'Arrias Les nombreux verbes de parole ainsi que la répétition anaphorique du pronom personnel il » montrent qu'Arrias monopolise la parole. La conversation mondaine devient alors un monologue. Les propos d'Arrias montrent aussi toute sa bêtise. Le fait qu'il parle de choses qu'il ne connaît pas et qu'il rit de ses propres histoires renforcent l'idée qu'il est un sot. Enfin, quand un interrupteur » le contredit et lui prouve qu'il a tort, en lui opposant la vérité, Arrias fait preuve d'une mauvaise fois impressionnante en simulant une colère bien peu légitime. 33e mouvement l'illusion d'une enquête scientifique Arrias cautionne ses propres propos en affirmant avoir fait une enquête rigoureuse il tient cela d'une personne de renom, Sethon, ambassadeur de France dans cette cour », qu'il a interrogé » et qui ne lui a rien caché ». Il donne donc l'impression que ses propos sont authentiques et vérifiables car l'évocation de Sethon fait office d'argument d'autorité. Argument d'autorité L'argument d'autorité s'appuie sur les propos, la pensée d'une personne faisant autorité dans un domaine ou considérée comme une l'assurance qu'il met dans son discours Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée », Arrias semble avoir pris le dessus sur son interrupteur » mais ce n'est qu'une illusion. 44e mouvement un véritable coup de théâtre La dernière phrase prononcée par un des conviés » met fin à l'illusion. Dans un retournement de situation comique, l'imposture d'Arrias est travers ce portrait satirique d'Arrias, La Bruyère dénonce la pédanterie et le mauvais usage de la parole. En cela, Arrias est l'exact contraire de ce que devrait être un homme honnête. La Bruyère montre également que les hommes jouent un rôle en société sur le théâtre du monde. B Le spectateur professionnel » Livre VII, De la ville », remarque 13 Voilà un homme, dites-vous, que j'ai vu quelque part de savoir où, il est difficile ; mais son visage m'est familier. —Il l'est à bien d'autres ; et je vais, s'il se peut, aider votre mémoire. Est-ce au boulevard sur un strapontin, ou aux Tuileries dans la grande allée, ou dans le balcon à la comédie ? Est-ce au sermon, au bal, à Rambouillet ? Où pourriez-vous ne l'avoir point vu ? où n'est-il point ? S'il y a dans la place une fameuse exécution, ou un feu de joie, il paraît à une fenêtre de l'Hôtel de ville ; si l'on attend une magnifique entrée, il a sa place sur un échafaud ; s'il se fait un carrousel, le voilà entré, et placé sur l'amphithéâtre ; si le Roi reçoit des ambassadeurs, il voit leur marche, il assiste à leur audience, il est en haie quand ils reviennent de leur audience. Sa présence est aussi essentielle aux serments des ligues suisses que celle du chancelier et des ligues mêmes. C'est son visage que l'on voit aux almanachs représenter le peuple ou l'assistance. Il y a une chasse publique, une Saint-Hubert, le voilà à cheval ; on parle d'un camp et d'une revue, il est à Ouilles, il est à Achères. Il aime les troupes, la milice, la guerre ; il la voit de près, et jusques au fort de Bernardi. Chanley sait les marches, Jacquier les vivres, Du Metz l'artillerie celui-ci voit, il a vieilli sous le harnois en voyant, il est spectateur de profession ; il ne fait rien de ce qu'un homme doit faire, il ne sait rien de ce qu'il doit savoir ; mais il a vu, dit-il, tout ce qu'on peut voir, et il n'aura point regret de mourir. Vocabulaire de la vue employé en polyptote Vocabulaire du lieu Le personnage assiste à une grande quantité d'événements publics Présence anaphorique des pronoms de 3e personne Il y a trois mouvements essentiels à retenir de ce texte. 11er mouvement un personnage qui semble partout à la fois Le personnage dont il est question et qui restera, tout le long de l'extrait, anonyme, semble être partout à la fois. On ne sait pas qui il est mais tout le monde l'a déjà vu son visage m'est familier ». 22e mouvement un personnage qui accumule les activités Ce personnage assiste à tout ce à quoi il peut assister. Le procédé de l'accumulation montre qu'il enchaîne inlassablement les activités de toutes sortes divertissantes, politiques, militaires, culturelles. 33e mouvement le spectacle du monde Le personnage semble avoir envie de tout voir. Il est un spectateur de profession ». Le polyptote du mot voir » montre que le thème de la vue est au centre de cette remarque. Le polyptote insiste donc sur l'omniprésence de la vision. Mais ce personnage se contente de voir, d'observer, d'assister. Il reste passif car il n'agit pas et il n'apprend finalement rien. Polyptote Un polyptote est une figure de style qui consiste en la reprise d'un même terme avec des variations morphologiques nombre, temps, personne, etc..Être un spectateur professionnel » est finalement une activité oisive et bien peu porteuse. En effet, voir n'est ni vivre ni savoir. La Bruyère critique ici non pas les hommes qui jouent sur le théâtre du monde mais les hommes qui observent la comédie sociale sans réfléchir ni en tirer de leçons. CPamphile Livre IX Des grands », remarque 50 - extrait Un Pamphile est plein de lui-même, ne se perd pas de vue, ne sort point de l'idée de sa grandeur, de ses alliances, de sa charge, de sa dignité ; il ramasse, pour ainsi dire, toutes ses pièces, s'en enveloppe pour se faire valoir ; il dit Mon ordre, mon cordon bleu ; il l'étale ou il le cache par ostentation. Un Pamphile en un mot veut être grand, il croit l'être ; il ne l'est pas, il est d'après un grand. Si quelquefois il sourit à un homme du dernier ordre, à un homme d'esprit, il choisit son temps si juste, qu'il n'est jamais pris sur le fait aussi la rougeur lui monterait-elle au visage s'il était malheureusement surpris dans la moindre familiarité avec quelqu'un qui n'est ni opulent, ni puissant, ni ami d'un ministre, ni son allié, ni son domestique. Il est sévère et inexorable à qui n'a point encore fait sa fortune. Il vous aperçoit un jour dans une galerie, et il vous fuit ; et le lendemain, s'il vous trouve en un endroit moins public, ou s'il est public, en la compagnie d'un grand, il prend courage, il vient à vous, et il vous dit Vous ne faisiez pas hier semblant de nous voir. Tantôt il vous quitte brusquement pour joindre un seigneur ou un premier commis ; et tantôt s'il les trouve avec vous en conversation, il vous coupe et vous les enlève. Vous l'abordez une autre fois, et il ne s'arrête pas ; il se fait suivre, vous parle si haut que c'est une scène pour ceux qui passent. Aussi les Pamphiles sont-ils toujours comme sur un théâtre gens nourris dans le faux, et qui ne haïssent rien tant que d'être naturels ; vrais personnages de comédie, des Floridors, des Mondoris. Antonomase figure de style qui consiste à remplacer un nom commun par un nom propre et inversement Énumération et asyndète Discours direct Antithèses Polysyndète Énumération Comportement hypocrite et opportuniste Vocabulaire du théâtre Il y a trois mouvements essentiels à retenir de ce texte. 11er mouvement la critique de l'homme de cour En employant l'antonomase, le terme Pamphile ne désigne plus un homme en particulier mais un type d'homme, une catégorie d'individus. Ainsi, tout ce qui va suivre ne concerne plus Pamphile en lui-même mais l'homme de cour en général. L'énumération, construite sur une asyndète, exprime tout l'orgueil de cet homme. Ceci est renforcé par le discours direct qui, finalement, vide les paroles de leur sens les récompenses reçues ne sont là que pour l'image qu'elles renvoient de celui qui les possède. Les antithèses montrent l'hypocrisie de Pamphile qui feint la modestie alors qu'il est pétri de vanité. Asyndète Une asyndète est une figure de construction qui consiste à supprimer les mots de liaison attendus conjonctions de coordination ou toute liaison logique. 22e mouvement une réflexion sur les faux-semblants et l'hypocrisie Le mouvement suivant dénonce l'hypocrisie du personnage qui ne s'adresse qu'à des personnes qu'il estime dignes de lui. L'évocation de son rougissement montre à quel point l'image que les autres ont de lui est importante à ses yeux il ne veut être vu qu'avec des hommes dignes de lui. La polysyndète sur laquelle est construite l'énumération montre à quel point les critères sont sélectifs pour être considéré comme fréquentable » aux yeux de Pamphile. Mais ces critères sont loin d'être ceux de l'honnête homme puisqu'ils se basent sur la richesse et les mieux montrer l'absurdité et l'hypocrisie de Pamphile, La Bruyère intègre le lecteur par l'emploi du pronom personnel vous » et celui du présent de l'indicatif. La scène, rendue ainsi vivante, montre un personnage opportuniste et faux. Polysyndète La polysyndète consiste à répéter une même conjonction de coordination devant chaque terme d'une énumération. La polysyndète s'oppose à l'asyndète. 33e mouvement la métaphore du theatrum mundi L'antonomase auparavant au singulier est mise au pluriel et l'emploi de présents de vérité générale montrent que la critique qui est faite est universelle et ne concerne pas uniquement ce courtisan-là. Le vocabulaire du théâtre et l'évocation d'acteurs de l'époque en antonomases aussi soulignent la fausseté des courtisans qui jouent sans cesse un aristocrates et les courtisans sont donc de véritables comédiens sur le théâtre du monde. Ambitieux et hypocrites, ils s'éloignent de plus en plus de l'idéal de l'honnête homme.
Dansles Caractères, La Bruyère décrit la ville et la cour comme un théâtre. Dans la première remarque du livre XVII, on comprend que toute action d’un Homme est un spectacle, destiné à
Les Caractères Livres V à X - E-book - PDF Un caractère bien fade est celui de n'en avoir aucun. » Voilà qui annonce la couleur ! Dans ses Caractères, ouvre magistrale à laquelle il a consacré... Lire la suite 2,99 € E-book - PDF Poche En stock 3,20 € Ebook Téléchargement immédiat 2,99 € Téléchargement immédiat 17,99 € Vous pouvez lire cet ebook sur les supports de lecture suivants Téléchargement immédiat Dès validation de votre commande Offrir maintenant Ou planifier dans votre panier Un caractère bien fade est celui de n'en avoir aucun. » Voilà qui annonce la couleur ! Dans ses Caractères, ouvre magistrale à laquelle il a consacré sa vie, La Bruyère brosse un portrait au vitriol de ses contemporains. Fin observateur, il n'épargne personne l'ambition du courtisan, l'égoïsme du puissant, la vanité du-pédant sont tournés en ridicule. Et à travers eux, c'est toute une société, celle du paraître » et de l'argent, qui est fustigée. . Une frise chronologique historique et culturelle . Une introduction Pourquoi lire Les Caractères au XXIe siècle ? . Le texte intégral annoté Des sujets pour s'entraîner à l'oral et à l'écrit du bac . Des analyses de textes au fil de l'ouvre . Un commentaire de texte et une dissertation rédigés . Des exercices de grammaire avec corrections . Des exercices d'appropriation. Un dossier pour situer et comprendre le texte . Une présentation de l'ouvre et de La Bruyère dans son époque . Les mots importants des Caractères . Un groupement de textes autour du parcours du bac La comédie sociale. Date de parution 03/06/2021 Editeur Collection ISBN 978-2-07-294434-5 EAN 9782072944345 Format PDF Nb. de pages 240 pages Caractéristiques du format PDF Pages 240 Taille 4 035 Ko Protection num. Contenu protégé Transferts max. 6 copies autorisées Imprimable Non Autorisé Copier coller Non Autorisé Les Caractères de Jean de La Bruyère et Les Fables de Jean de La Fontaine) SUJET DE DISSERTATION : Dans la fable 1 du livre V de son œuvre, La Fontaine définit celle-ci comme une ample comédie à cent actes divers / Et dont la scène est l'univers Vous commenterez cette citation en vous appuyant sur les ouvrages étudiés. Miscere utile dulci telle est la devise Les Caractères de La Bruyère. La Bruyère, qui aimait la lecture des anciens, eut un jour l’idée de traduire Théophraste, et il pensa à glisser à la suite et à la faveur de sa traduction quelques-unes de ses propres réflexions sur les mœurs modernes. Cette traduction de Théophraste n’était-elle pour lui qu’un prétexte, ou fut-elle vraiment l’occasion déterminante et le premier dessein principal ? On pencherait plutôt pour cette supposition moindre, en voyant la forme de l’édition dans laquelle parurent d’abord Les Caractères, et combien Théophraste y occupe une grande place. La Bruyère était très pénétré de cette idée, par laquelle il ouvre son premier chapitre, que tout est dit, et que l’on vient trop tard après plus de sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent. […] On ne saurait en écrivant rencontrer le parfait, et, s’il se peut, surpasser les anciens, que par leur imitation. » Aux anciens, La Bruyère ajoute les habiles d’entre les modernes comme ayant enlevé à leurs successeurs tardifs le meilleur et le plus beau. C’est dans cette disposition qu’il commence à glaner, et chaque épi, chaque grain qu’il croit digne, il le range devant nous. La pensée du difficile, du mûr et du parfait l’occupe visiblement, et atteste avec gravité, dans chacune de ses paroles, l’heure solennelle du siècle où il écrit. Ce n’était plus l’heure des coups d’essai. Presque tous ceux qui avaient porté les grands coups vivaient. Molière était mort ; longtemps après Pascal, La Rochefoucauld avait disparu ; mais tous les autres restaient là, rangés. Quels noms ! quel auditoire auguste, consommé, déjà un peu sombre de front, et un peu silencieux ! Dans son discours à l’Académie, La Bruyère lui-même les a énumérés en face ; il les avait passés en revue dans ses veilles bien des fois auparavant. […] La Bruyère a tout prévu, et il ose. Il sait la mesure qu’il faut tenir et le point où il faut frapper. Modeste et sûr, il s’avance ; pas un effort en vain, pas un mot de perdu ! Du premier coup, sa place qui ne le cède à aucune autre est gagnée. Ceux qui, par une certaine disposition trop rare de l’esprit et du cœur, sont en état, comme il dit, de se livrer au plaisir que donne la perfection d’un ouvrage, ceux-là éprouvent une émotion, d’eux seuls concevable, en ouvrant la petite édition in-12, d’un seul volume, année 1688, de trois cent soixante pages, en fort gros caractères, desquelles Théophraste, avec le discours préliminaire, occupe cent quarante-neuf, et en songeant que, sauf les perfectionnements réels et nombreux que reçurent les éditions suivantes, tout La Bruyère est déjà là. Plus tard, à partir de la troisième édition, La Bruyère ajouta successivement et beaucoup à chacun de ses seize chapitres. Des pensées qu’il avait peut-être gardées en portefeuille dans sa première circonspection, des ridicules que son livre même fit lever devant lui, des originaux qui d’eux-mêmes se livrèrent, enrichirent et accomplirent de mille façons le chef-d’œuvre. La première édition renferme surtout incomparablement moins de portraits que les suivantes. L’excitation et l’irritation de la publicité les firent naître sous la plume de l’auteur, qui avait principalement songé d’abord à des réflexions et remarques morales, s’appuyant même à ce sujet du titre de Proverbes donné au livre de Salomon. Les Caractères ont singulièrement gagné aux additions ; mais on voit mieux quel fut le dessein naturel, l’origine simple du livre et, si j’ose dire, son accident heureux, dans cette première et plus courte forme. » » Extrait des Portraits littéraires, I édition 1862 écrits par Sainte Beuve. La Bruyère, précurseur Il était bientôt temps que le siècle finît la pensée de dire autrement, de varier et de rajeunir la forme, a pu naître dans un grand esprit ; elle deviendra bientôt chez d’autres un tourment plein de saillies et d’étincelles. Les Lettres Persanes, si bien annoncées et préparées par La Bruyère, ne tarderont pas à marquer la seconde époque. La Bruyère n’a nul tourment encore et n’éclate pas, mais il est déjà en quête d’un agrément neuf et du trait. Sur ce point, il confine au xviiie siècle plus qu’aucun grand écrivain de son âge ; Vauvenargues, à quelques égards, est plus du xviie siècle que lui. Mais non… La Bruyère en est encore, pleinement, de son siècle incomparable, en ce qu’au milieu de tout ce travail contenu de nouveauté et de rajeunissement, il ne manque jamais, au fond, d’un certain goût simple. […] La Bruyère est plein de ces germes brillants. Il a déjà l’art bien supérieur à celui des transitions qu’exigeait trop directement Boileau de composer un livre, sans en avoir l’air, par une sorte de lien caché, mais qui reparaît, d’endroits en endroits, inattendu. On croit au premier coup d’œil n’avoir affaire qu’à des fragments rangés les uns après les autres, et l’on marche dans un savant dédale où le fil ne cesse pas. Chaque pensée se corrige, se développe, s’éclaire, par les environnantes. Puis l’imprévu s’en mêle à tout moment, et, dans ce jeu continuel d’entrées en matière et de sorties, on est plus d’une fois enlevé à de soudaines hauteurs que le discours continu ne permettrait pas […]. » » Extrait des Portraits littéraires, I édition 1862 écrits par Sainte Beuve. Jugements sur l’œuvre Bussy-Rabutin 1618-1693 Il est entré plus avant que Théophraste dans le cœur de l’homme, il y est même entré plus délicatement et par des expériences plus fines. Ce ne sont point des portraits de fantaisie qu’il nous a donnés, il a travaillé d’après nature, et il n’y a pas une décision sur laquelle il n’ait eu quelqu’un en vue. Pour moi, qui ai le malheur d’une longue expérience du monde, j’ai trouvé à tous les portraits qu’il m’a faits des ressemblances peut-être aussi justes que ses propres originaux, et je crois que, pour peu qu’on ait vécu, ceux qui liront son livre en pourront faire une galerie. Au reste, Monsieur, je suis de votre avis sur la destinée de cet ouvrage, que, dès qu’il paraîtra, il plaira fort aux gens qui ont de l’esprit, mais qu’à la longue, il plaira encore davantage… » Extrait de la lettre au marquis de Termes, écrite le 10 mars 1688. Pierre Bayle 1647-1706 Il y a un autre livre [que les Essais de Morale de Nicole] fort propre à donner de l’esprit aux jeunes gens et à leur raffiner le goût ce sont Les Caractères de ce siècle, par feu M. de La Bruyère ; c’est un livre incomparable. » Extrait de la lettre à M. de Naudis, écrite le 29 octobre 1696. Vigneul-Marville Je loue la bonne intention qu’il a eue de réformer les mœurs du siècle présent, en découvrant leur ridicule ; mais je ne saurais approuver qu’il cherche ce ridicule dans sa propre imagination, plutôt que dans nos mœurs mêmes ; et qu’outrant tout ce qu’il représente, il fasse des portraits de fantaisie et non des portraits d’après nature, comme le sujet le demande. » Extrait des Mélanges d’histoire, et de littérature écrits en 1699. Pierre-Joseph Thoulier d’Olivet 1682-1768 Pourquoi Les Caractères de M. de La Bruyère, que nous avons vus si fort en vogue durant quinze ou vingt ans, commencent-ils à n’être plus si recherchés ? Prenons-nous-en, du moins en partie, à la malignité du cœur humain. Tant qu’on a cru voir dans ce livre les portraits des hommes vivants, on l’a dévoré pour se nourrir du triste plaisir que donne la satire personnelle. Mais à mesure que ces gens-là ont disparu, il a cessé de plaire si fort par la matière. Et peut-être aussi que la forme n’a pas suffi toute seule pour le sauver, quoiqu’il soit plein de tours admirables, et d’expressions heureuses qui n’étaient pas dans notre langue auparavant. » Extrait de l’Histoire de l’Académie française publiée en 1729. Vauvenargues 1715-1747 Nous faisons trop peu d’attention à la perfection de ces fragments, qui contiennent souvent plus de matière que de longs discours, plus de proportion et plus d’art… La Bruyère a cru, ce me semble, qu’on ne pouvait peindre les hommes assez petits ; et il s’est bien plus attaché à relever leurs ridicules que leur force. » Extrait des Fragments publiés en 1746. Voltaire 1694-1778 On peut compter parmi les productions d’un genre unique Les Caractères de La Bruyère. Il n’y avait pas chez les anciens plus d’exemples d’un tel ouvrage que du Télémaque. Un style rapide, concis, nerveux, des expressions pittoresques, un usage tout nouveau de la langue, mais qui n’en blesse pas les règles, frappèrent le public ; et les allusions qu’on y trouvait en foule achevèrent le succès. Quand La Bruyère montra son ouvrage manuscrit à M. de Malézieu, celui-ci lui dit Voilà de quoi vous attirer beaucoup de lecteurs et beaucoup d’ennemis. » Ce livre baissa dans l’esprit des hommes quand une génération entière, attaquée dans l’ouvrage, fut passée. Cependant, comme il y a des choses de tous les temps et de tous les lieux, il est à croire qu’il ne sera jamais oublié. » Extrait du Siècle de Louis XIV publié en 1751. Stendhal 1783-1842 La Bruyère, n’a aucune sensibilité. Dans l’histoire d’Émire, on croit entendre un vieillard qui, du haut d’une fenêtre, a observé deux amants dans un jardin… Il y a peu de comique, chez La Bruyère, la sécheresse le chasse. Peut-être ne nous paraîtrait-il pas sec, si notre goût n’était formé par Jean-Jacques Rousseau, et la lecture des romans. Nous sommes accoutumés à voir des observations mêlées avec un peu de sensibilité. » Extrait de Du style publié en 1812. Julien Benda 1867-1956 Dans l’ordre littéraire, vous êtes pleinement de notre époque. Elle l’a d’ailleurs compris. Elle vous vénère comme écrivain vous tient pour un de ses dieux. D’abord parce que vous avez fait un livre non composé, pur d’une idée maîtresse autour de quoi tout s’organise – un livre inorganique… Nos modernes se réclament de vous, dont l’œuvre est délibérément un cahier de notes, prises sans plan directeur, à l’occasion, pendant vingt ans. Et, en effet, vous êtes bien le père de nos impressionnistes, de nos stendhaliens, de nos nietzschéens, de nos gidiens, de tous nos miliciens de l’écriture sporadique, de tous nos officiants du penser pulsatile. Et ils voient juste en vous faisant gloire d’avoir eu le cœur de fonder le genre en pleine tyrannie cartésienne, en pleine superstition du penser ordonné… » Extrait d’ À Jean de La Bruyère » publié dans La Revue de Paris le 1er janvier 1934. Sources 10 mai 2014 dans L'ARGUMENTATION par
\n \n\nsujet de dissertation sur les caractères de la bruyère

Lesujet de dissertation porte sur une question d’ordre littéraire ou général en rapport avec le domaine artistique. Le sujet est composé de deux parties principales, à savoir, l’énoncé et la consigne. Dans l’épreuve de littérature, la dissertation est le sujet de type III. Lorsqu’on veut traiter un sujet de dissertation, trois

En 1665 paraissent les Maximes de La Rochefoucauld et, en 1670, les Pensées de Pascal. C'est dans cette veine de réflexions brèves, variées et souvent satiriques que s'inscrit La Bruyère lorsqu'il entreprend le projet des Caractères, cette même année 1670 si l'on en croit le témoignage de l'avocat Brillon, son contemporain. La rédaction et la publication des Caractères s'échelonnent jusqu'en 1696, avec, entre 1688 et 1696, date de la mort de La Bruyère, neuf éditions successives. C'est dire que Les Caractères est la grande œuvre de La Bruyère, qu'il n'a cessé, jour après jour, de compléter, d'augmenter, de rectifier. Au cœur des seize livres qui composent Les Caractères, les livres v à x offrent une peinture colorée de la vie en société à la ville et à la L'œil du moraliste des portraits sans concessionUne galerie de portraits individuelsLes Caractères peuvent tout d'abord être perçus comme une série de portraits individuels, peints d'après nature » préface. Tout comme dans l'œuvre originelle dont s'inspire La Bruyère, Les Caractères de l'auteur grec Théophraste, ces portraits individuels peuvent représenter des types » comme le flatteur, l'impertinent, le courtisan, etc. C'est par exemple le cas du portrait d'Arrias remarque 9, livre v, homme universel », ou de Théramène remarque 14, livre vii, l'épouseur ».Mais le portrait individuel peut aussi être un portrait à clef » qui, pour décrire un type, partira d'un modèle reconnu de tous comme Théobalde remarque 66, livre v, qui désignerait le poète Isaac de Benserade, incarnant le type de l'auteur à la portrait d'ensemble de la société du xviie siècleÀ travers ces portraits, mais aussi grâce aux autres sortes de remarques », selon le terme employé par La Bruyère pour qualifier son texte préface, c'est un portrait d'ensemble de la société du xviie siècle que brosse l'auteur, ménageant contrastes, parallèles et gradations. Ainsi croque-t-il les partisans » dans le livre vi Des biens de fortune », les courtisans » dans le livre viii De la cour », les grands », princes et autres gens de haute naissance dans le livre ix Des grands ». Aux contrastes sociaux s'ajoutent et se mêlent des contrastes géographiques, comme ceux entre la ville et la campagne ou entre la ville et la Bruyère immortalise à la fois les évolutions de son siècle, comme l'ascension des gens fortunés au détriment de la noblesse livre vi, et des traits caractéristiques de son époque, qu'il s'agisse de modes comme les bains des quais Saint-Bernard remarque 2, livre vii, de coutumes comme celle des jeunes mariées recevant leurs visiteurs sur leur lit durant les trois premiers jours de leur mariage remarque 19, livre vii ou d'habitus comme la versatilité de la louange et du blâme remarque 32, livre viii. La Bruyère fixe ainsi des traits pour mieux les infléchir. II. Un livre pour instruire et corrigerLa mise en scène de la dualité des apparencesLa Bruyère exprime clairement son projet d'écriture dans la préface de son livre [le public] peut regarder avec loisir ce portrait que j'ai fait de lui d'après nature, et s'il se connaît quelques-uns des défauts que je touche, s'en corriger » ; on ne doit parler, on ne doit écrire que pour l'instruction ». Aussi l'auteur signale-t-il la dualité des apparences pour mieux faire comprendre à son lecteur ce qui se joue en coulisses. L'image répandue du theatrum mundi le théâtre du monde » revient en effet à plusieurs reprises, comme avec la remarque 25 du livre vi sur les cuisines. Mais la dualité des apparences peut également être épinglée à travers un caractère, comme celui de Théodote, comédien-né remarque 61, livre viii, ou à travers un discours dont La Bruyère explicite avec humour les sous-entendus, comme s'il traduisait une langue étrangère remarque 37, livre ix. En dénonçant mensonge et hypocrisie, La Bruyère entend amener son lecteur à un plus haut degré de présence du jeL'instruction que La Bruyère souhaite dispenser à son lecteur se lit aussi dans la manifestation constante au fil des pages d'un je. Sa présence peut surprendre dans un livre où l'expression de remarques » générales tendrait à effacer ou tout du moins à minorer l'expression d'une subjectivité. Mais la présence de ce je joue en réalité un rôle primordial dans le dessein d'instruction affiché par La Bruyère, en faisant partager au lecteur la singularité d'une expérience, c'est-à-dire en légitimant le général par le particulier. Autrement dit encore, la présence du je légitime l'emploi du on, comme dans l'enchaînement des remarques 49 et 50 du livre v la remarque 49 fait le récit à la première personne du singulier de la découverte d'une petite ville » tandis que la remarque 50, par l'emploi du on et de tournures indéfinies, fixe les traits caractéristiques des petites villes ». Mais outre l'emploi du je et du on, on trouve aussi souvent celui du vous dans Les Caractères — là encore, non sans De l'art de manier la langue démonstration et traité implicite ?Variété et variation le choix d'une esthétique proche de la conversationLa variété et l'art de la variation déployés dans Les Caractères ont souvent retenu l'attention des critiques littéraires, qui ont mis en avant les contrastes marqués entre les différentes remarques » qui composent cette œuvre, allant de la simple pointe » exprimée en une ou deux lignes au portrait développé sur plusieurs pages. Sans doute faut-il voir dans la variation des formes d'expression et la variété des sujets traités un choix esthétique qui rapproche Les Caractères d'une conversation mondaine. La Bruyère s'ingénie en effet à ne pas lasser son lecteur, qu'il implique directement, presque comme un interlocuteur. De fait, le dire semble bien souvent le modèle de l'écrire, comme le donne à penser la remarque 78 du livre v Il me semble que l'on dit les choses encore plus finement qu'on ne peut les écrire. »Le langage au cœur des réflexionsLe langage apparaît ainsi au cœur des réflexions formulées dans Les Caractères, à la fois comme manière — façon d'écrire — et comme matière — sujet traité. Un livre entier, le livre v, De la société et de la conversation », est consacré à l'analyse du langage et de ses emplois. Mais les réflexions sur le langage essaiment aussi dans les autres livres qui composent Les Caractères, comme dans l'exemple déjà cité du discours à double entente de la remarque 37 du livre ix consacré aux grands », ou comme au livre viii consacré à la cour », où les remarques 79 à 82 traitent respectivement des paroles qui ne s'effacent pas, des bons mots, des phrases toutes faites et des cinq ou six termes de lexique spécialisé par lesquels on se fait passer pour un spécialiste de l'art. Les Caractères rappellent ainsi toute l'importance de savoir manier et décrypter les mots dans une société où ils étaient souvent décochés comme des pour la dissertation les enjeux du parcours– Ridicule de Patrice Leconte, 1996 Dans ce monde c'est-à-dire à la cour, un vice n'est rien mais un ridicule tue. » Sous Louis xvi, au xviiie siècle, un jeune baron arrive à la cour dans le but de demander à l'État d'assécher les marais de sa région, qui provoquent de nombreuses maladies parmi les paysans. On le remarque rapidement pour ses traits d'esprit et la qualité de ses reparties redouté et protégé par les uns, il devient l'ennemi d'un certain nombre de courtisans bien décidés à le faire échouer dans son irrésistible ascension…Même s'il se situe un siècle après la période évoquée par La Bruyère dans ses Caractères, le film restitue parfaitement l'atmosphère de la cour et la comédie sociale mise en place par les courtisans. Chacun cherche à se faire bien voir et à approcher le roi, et l'unique moyen pour y parvenir consiste à se faire remarquer. Le règne des apparences est à son comble, et les traits d'esprit, s'ils sont vifs, cruels et immédiats, assurent un succès à leur auteur. Le récit joue bien sur les deux temps de cette initiation au monde par le jeune baron d'abord enthousiaste, il se prête au jeu et se découvre un talent que tous admirent, avant que les masques tombent et que plusieurs des personnalités influentes ne s' Leconte use des mêmes ressorts que La Bruyère pour faire le portrait de cette société des élites la forme est séduisante, le rythme soutenu et les dialogues ciselés, habiles moyens de séduction pour nous conduire vers un fond bien plus acide et pessimiste. La cruauté l'emporte sur l'esprit, le jeu sur le débat, et les questions essentielles — à savoir le bien du peuple, motif de la venue du baron — sont totalement là qu'intervient la différence majeure avec l'œuvre de l'auteur classique par l'épilogue, le film évoque la période révolutionnaire et la destinée du marquis de Bellegarde, réfugié en Angleterre. La cour, sans le savoir, vivait ses derniers instants, et son indifférence à l'égard de ce qui se passe dans le pays a eu raison d'elle. Les jeux, les banquets, les concerts et les raffinements prennent une tournure d'autant plus vaine.– La Grande Belleza de Paolo Sorrentino, 2013Rome, en 2013. Jep Gambardella est un critique d'art qui a eu son heure de gloire plusieurs décennies plus tôt par la publication d'un livre ; il se contente depuis de se laisser vivre dans les soirées mondaines et parmi les élites de l'art contemporain. Le film suit ses soirées dans les lieux les plus prestigieux de la capitale italienne, et caricature autant les artistes que ceux qui assurent par le traitement médiatique leur prolongement de la satire proposée par Boileau sur son époque, celle de Sorrentino montre que si les temps changent, les individus restent les mêmes. Les élites s'enferment dans des jeux de rôle, au sein d'une fête permanente qui trompe leur ennui et un langage recherché qui ne masque que du vide. La beauté plastique, très travaillée, permet un voyage à travers les différentes architectures, des ruines antiques aux boîtes de nuit, faisant le portrait d'une ville minérale, superbement éclairée et fascinante. Mais le style que choisit Sorrentino est aussi très proche du langage publicitaire et du clip, autre façon de mettre en lumière les clichés et la construction d'une beauté faite pour sous la surface, les questions essentielles ne cessent de bouillonner. Les différentes œuvres proposées par les artistes révèlent, en plus d'un égocentrisme absolu, de profondes angoisses, notamment sur la fuite du temps et la modification du corps sous le poids de l'âge. Le protagoniste lui-même a bien conscience de n'être que l'ombre de lui-même, et témoigne avec mélancolie des décennies perdues à tenter d'oublier l'inéluctable. On pourra rapprocher ce film d'un autre grand titre du cinéma italien sorti en 1959 La Dolce Vita de Federico Fellini. Dans ce film qui fit scandale en son temps, le personnage de Marcello Mastroianni, un journaliste de la presse people, passe de fêtes en fêtes et de femmes en femmes sans jamais obtenir satisfaction. Ses nuits blanches sont surtout une fuite face à sa mélancolie, et certaines séquences du récit le confronteront directement à la le montrait déjà La Bruyère, la comédie sociale est avant tout un masque pour se détourner du tragique Corpus la comédie socialeMettre en scène le théâtre du monde »Parce qu'il est un art d'imitation, de représentation et d'illusion, le théâtre est sans doute le genre littéraire le plus apte à dénoncer la dualité des apparences, le change que se donnent les uns et les autres sur la scène de Molière s'affirme par exemple comme une satire en règle de l'hypocrisie qui règne en société, critiquant les comportements affectés des uns dans Les Précieuses ridicules 1659, les précautions inutiles et égoïstes prises par d'autres pour éviter le ridicule du cocuage dans L'École des femmes 1662, la manipulation de familles entières par des imposteurs dans Tartuffe 1669 ou encore les prétentions risibles des bourgeois dans Le Bourgeois gentilhomme 1670. Le théâtre de Molière, par le détour du rire, étale ainsi au grand jour les mensonges dont sont tissées les relations sociales, révélant l'envers du théâtre de Marivaux, quant à lui, s'amuse à inverser et à renverser les rôles, mettant en lumière le double jeu des personnages, leur propension à l'intrigue et à la duplicité, ce qui permet aussi de représenter les inégalités sociales sur lesquelles est fondée la société d'Ancien Régime. Ainsi les maîtres se déguisent-ils en domestiques dans Le Jeu de l'amour et du hasard 1730 ou bien deviennent-ils, contre leur gré cette fois, valets dans L'Île des esclaves 1725. Dans Le Prince travesti 1724, c'est un roi qui se fait passer pour un aventurier, tandis que dans La Fausse Suivante 1724, c'est une demoiselle qui prend les habits d'un chevalier. Dans les œuvres de Marivaux, les personnages prêchent donc le faux pour savoir le vrai, amenant les spectateurs à prendre conscience de certaines réalités et de certaines vérités qui tout à coup leur sautent aux déplacement du regardLa dénonciation des travers de la société française peut aussi s'effectuer par un déplacement du regard il suffit pour cela de rendre les personnages étrangers » aux ses Fables, publiées entre 1668 et 1694, La Fontaine reconstitue tout le microcosme de la société française du xviie siècle, épinglant les défauts de celles et ceux qui la composent en les représentant sous les traits d'animaux. La distance suscitée par cette animalisation entre les personnages et les modèles dont ils sont inspirés offre à La Fontaine une plus grande liberté de sur le même principe de mise à distance des personnages que reposent les Lettres persanes 1721 de Montesquieu dans ce roman épistolaire, les protagonistes sont deux Persans qui visitent la France et s'étonnent » de leur découverte de ce pays. Grâce au regard étranger de ces deux personnages, Montesquieu peut se livrer à une véritable vivisection satirique de la société française de son pour l'oral élargissements culturels– La Vérité de Henri-Georges Clouzot, 1960Dominique Marceau Brigitte Bardot est accusée d'avoir tué son ancien amant, Gilbert. Elle comparaît donc en cour d'assises, où toute son histoire est racontée sous forme de flash-back. Dominique est venue à Paris dans l'appartement de sa sœur Annie, une violoniste fiancée à un jeune chef d'orchestre, Gilbert. Après avoir séduit celui-ci, elle entame une relation toxique avec lui, qui se finira par un crime passionnel. La cour juge avec sévérité son instabilité et le fait qu'elle ait collectionné les amants dans une vie de bohème, bien loin des codes en en 1960 et inspiré d'une histoire vraie, celle de Pauline Dubuisson sur laquelle Philippe Jaeneda a écrit un ouvrage biographique important en 2015, La Petite Femelle, le film évoque le choc des générations. La jeune blonde flamboyante vit une sexualité sans entraves et fréquente des milieux populaires avant de faire irruption dans la vie rangée d'un bourgeois bien décidé à faire carrière dans le monde de la musique. C'est ce que la cour ne semble pas lui pardonner. La manière dont on présente sa vie est déjà en soit un jugement, car la prévenue a refusé de jouer la comédie sociale en vigueur bien plus qu'un procès pour meurtre, c'est la condamnation d'une attitude et d'une forme de liberté. On retrouvera d'ailleurs cette problématique cruciale — une cour d'assises qui tend à maintenir à tout prix l'ordre établi en condamnant ceux qui s'écartent de la norme — dans L'Étranger d'Albert Camus 1942, qui peut aussi être rattaché à cette thématique de la comédie question du regard d'une génération d'aînés sur la jeunesse qu'elle ne comprend pas à travers un procès est reprise et réactualisée dans un film plus récent et tout à fait passionnant La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier 2019.La dimension comique est en outre largement exploitée dans la représentation satirique que Clouzot propose de la justice. C'est une salle de théâtre, dans laquelle le public vient se délecter des scandales du moment, et réagit par le rire ou la désapprobation bruyante à ce qui peut se dire dans le prétoire. Les avocats, quant à eux, sont de grands comédiens, n'hésitant pas à recourir à toutes les techniques dramaturgiques monologues, tirades, envolées lyriques, traits d'esprit pour défendre ou accuser. Mais on prend soin de montrer à quel point les rôles sont interchangeables, et qu'une fois l'affaire close, on passera à une autre dans ce monde très codifié et figé, la comédie dévore les individus et n'accorde aucune place aux sentiments.– My Fair Lady de George Cukor, 1964Londres, au début du xxe siècle. Higgins, un professeur, à la suite d'une altercation dans la rue avec une fleuriste nommée Eliza Doolittle, se moque de son langage et de son accent des rues. Elle le met au défi de lui apprendre à parler comme la noblesse, ce qu'il accepte. Durant six mois, elle va suivre d'intenses leçons de diction et de savoir-vivre, avant d'être introduite dans le grand monde pour vérifier si elle peut y faire d'une comédie musicale, le film est une illustration flamboyante d'une des sous-branches de la comédie les émotions y sont exacerbées et les passages chantés ou dansés procèdent comme des hyperboles festives de toutes les thématiques que le récit explore. C'est avant tout un récit initiatique, dans lequel la jeune fille apprend la codification assez artificielle d'un monde auquel elle n'appartient pas. Par le biais du langage ici, l'anglais, les personnages font un constat sans appel sur les distinctions sociales et les préjugés en vigueur dans l'Angleterre victorienne. Traitée sur un mode résolument comique, la satire joue sur les caricatures et rejoint en cela les portraits que peut faire La Bruyère dans son œuvre le professeur pédant, la jeune insolente, l'amoureux naïf ou l'élite question sociale est au cœur même du récit l'éducation de la jeune fille vise à la faire intégrer la classe supérieure, ce qui est au début perçu comme une quête respectable. Mais on comprend assez rapidement que la distinction entre les rustres populaires comme la figure du père du père d'Eliza et l'élite raffinée n'est pas aussi binaire. Le très important travail sur les costumes et les décors met en valeur le culte de l'apparence et une vision de l'aristocratie qui semble s'être figée dans un défilé de mode où les silhouettes deviennent presque des d'Eliza marque ainsi une sorte de retour à la vie, et l'amour pour son Pygmalion fait bouger les lignes, sociales comme émotionnelles. La comédie musicale met en mélodie les caractéristiques de chaque classe et propose une intrigue qui leur permet de se rejoindre à l' références sur la comédie sociale– La Règle du jeu de Jean Renoir, 1939Dans une demeure de campagne, l'aristocratie et la bourgeoise se côtoient à l'occasion d'une partie de chasse. Les domestiques auront aussi leurs propres intrigues, dans une satire féroce et comique des différentes classes sociales.– L'Homme de la rue de Frank Capra, 1941Une journaliste licenciée invente l'interview sensationnelle d'un anonyme vivant dans la pauvreté et menaçant de se suicider le soir de Noël. Son article reçoit un franc succès et elle engage un homme de la rue pour jouer ce personnage inventé de toutes pièces…– La Favorite de Yórgos Lánthimos, 2018Dans l'Angleterre du xviiie siècle, à la cour de la reine Anne, les luttes d'influence vont bon train entre les proches de la monarque. Trahison, manipulation et chantage affectif sont au menu d'une comédie féroce sur les courtisans. 05kyO.
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